Activiste littéraire, bloggeuse, créateur de contenu Soraya Odia porte sa passion pour les livres en bouclier. Pour la valorisation de la culture en RDC, la jeune femme, habitante de Kinshasa, a été récompensée par le Prix Emilie-Flore Faignond 2021, initiative de l’association Bookutani avec ses partenaires, dont le Café Littéraire de Missy (CALM). Soraya Odia parle à Buzzz Magazine de son activisme littéraire, ses défis et sa vision de la culture.
Soraya Odia, que représente ce prix pour toi ?
Ça fait du bien de recevoir de la reconnaissance, dans mon cas c’est pour ce que je fais pour la promotion de la littérature. Cela m’encourage énormément, de voir des gens autour de moi qui croient en ce que je fais. À chaque fois que je verrai ce prix, même plus tard, il va me remonter le moral, me booster dans des moments d’épuisement.
Comment tu promeus la littérature et pourquoi ?
Je le fais à travers les réseaux sociaux, mon blog et YouTube. Avec mon blog, Majuscaux, j’ai commencé en 2017 en partageant des résumés de mes lectures et mes impressions. Plus tard, en 2020, j’ai créé une chaîne YouTube où je conçois de courtes vidéos, même si certaines sont parfois longues, qui parlent d’un livre que j’ai lu, en mettant en avant la Littérature africaine.
Sur Instagram, je poste des photos des livres, c’est un Bookstagram. Et même sur ma chaîne YouTube, c’est un BookTube ! Je glisse aussi les posts sur les livres sur LinkedIn et Facebook. Je suis connu aujourd’hui comme celle qui fait la promotion des livres.
Pourquoi te donnes-tu tant de mal pour promouvoir les livres ?
Parce que dans notre pays on n’a pas facilement accès à l’information sur les livres. Certains ne savent pas où les trouver, d’autres n’ont pas les moyens de s’en procurer, d’autres encore ne savent pas quoi lire même s’ils ont les moyens de s’acheter des livres et savent où les trouver. Moi, je donne des conseils, des synopsis, des bonnes adresses, etc. je suis un peu le pont entre mes compatriotes et les livres, voilà.
À quels défis es-tu confrontée ?
Au Congo, c’est surtout la littérature orale qui prime. Les gens sont portés vers l’oral, particulièrement la musique. Je parle de la littérature orale parce que quand on écoute nos textes, ils contiennent de la poésie, sauf qu’elle est chantée. L’idée d’amener les gens à s’intéresser à la littérature écrite. J’essaie de les intéresser aux livres également. Le plus gros défi c’est de franchir ce manque d’intérêt pour le livre. Ce n’est pas un monde fou qui afflue vers la littérature.
L’autre défi est lié au pouvoir d’achat. Les gens n’ont pas toujours les moyens de s’offrir des livres. Du coup, je communique beaucoup sur des adresses des bibliothèques, des librairies, etc. Pendant un moment, j’ai tenu moi-même une bibliothèque ambulante et je livrais des bouquins aux domiciles des potentiels lecteurs.
Quels avantages les lecteurs tiraient-ils de ces initiatives ?
À l’époque, les gens s’abonnaient à ma bibliothèque. Vu que je leur déposais les livres, ils avaient l’avantage de gagner du temps et n’avaient pas besoin de dépenser pour le transport vers le lieu d’approvisionnement des livres. Avec l’abonnement, ils pouvaient gagner en lecture sur plusieurs livres à ce qu’ils dépensaient sur l’achat d’un seul par exemple.
Maintenant que je travaille dans une bibliothèque, je dirige tous ceux qui sont intéressés vers les endroits que je connais ou à mon lieu de travail. C’est dommage que le goût de la lecture ne soit pas si populaire que ça en RDC. Les gens sont pauvres et doivent choisir entre payer un livre, s’abonner à une bibliothèque ou se payer à manger.
Interview recueillie par Iragi Elisha pour Buzzz Magazine