À l’heure où … nous écrivons ces lignes, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), messe du cinéma africain, vivra sa 28e édition entre le 25 février et le 4 mars 2022. En octobre 2021, le 7e art se célébrait au Burkina Faso, bravant la situation sécuritaire particulièrement tendue et la pandémie de Covid-19. 2022 s’ouvre sur des promesses de diversité.
Le 23 octobre, le jury, sous la présidence d’Adberrahmane Sissako, décernait l’Étalon d’or du Yennenga à « The Gravedigger’s Wife » (« La Femme du fossoyeur ») de Khadar Amed (Somalie), son premier film. Il raconte, pendant 1 heure 22 minutes, l’histoire de Guled et Nasra, couple qui vit avec son fils Mahad, dans l’un des quartiers pauvres de Djibouti. La maladie de la femme provoque un déséquilibre, son mari, fossoyeur, n’ayant pas assez d’argent pour couvrir les frais de santé. Ce sont les luttes d’un homme pour sauver sa compagne et pour garder sa famille unie.
Ce Grand prix au Fespaco 2021 a surtout récompensé un film humain, à la hauteur des sentiments dramatiques qu’il procure à ses spectateurs, « charmant et mélancolique sans jamais se sentir larmoyant, The Gravediggerr’s Wife est une belle lettre d’amour au pouvoir de la famille », écrivait Marya Gates, du Toronto International Films Festival.
Les réalisatrices et le Congo. Des festivaliers venant de 64 pays ont pris part à la 27e édition du Fespaco, au cours de laquelle 1500 films de 52 pays ont été projetés, pour un total de 500 projections dans les différentes salles dédiées au festival. Le 27e Fespaco a réuni 1500 professionnels du cinéma et 1200 professionnels des médias. Le Fespaco s’ouvre également à la diversité, deux femmes, Gessica Geneus, l’Étalon d’argent pour son film ”Freda » et la Tunisienne Leïla Bouzid, l’Étalon de bronze pour ”Une histoire d’amour et de désir », étant parmi les récompensées. Encore plus en 2022?
Le cinéma congolais n’était pas en reste. Le film « Juwaa », premier longmétrage, de Ngaji Mutiri (41 ans) et le film documentaire « En Route pour le milliard » de Dieudo Hamadi figuraient parmi les œuvres sélectionnées. « Cette sélection nous a mis en bonne voie pour ouvrir la visibilité à d’autres sélections. Voir son film sur grand écran avec le public, c’est incomparable, » déclarait Ngaji Mutiri, qui lutte pour la diffusion locale des œuvres congolaises auprès du public, « au Fespaco, on a établi des contacts qui feront la différence pour les prochaines années ».
Le Fespaco, qui se tient tous les deux ans à Ouagadougou, permet aux films de tous formats d’entrer en compétition pour briguer l’Étalon d’or. Depuis 1969, l’année de sa création, il rassemble dans la capitale du Burkina Faso, des dizaines de milliers de spectateurs et acteurs du cinéma africain et mondial. Et 2022 ne dérogera pas à la règle.