Un, deux, trois …. Ce n’est pas le go pour lancer le tempo, mais plutôt le nombre d’années écoulées depuis la dernière édition du Jazz Kif, le festival de musique kinois de référence. Pour sa quinzième édition qui s’est tenu les 17 et 18 juin dernier à l’Institut Français de Kinshasa, la manifestation qui s’est peu à peu affirmée comme un tremplin pour les artistes locaux, a programmé notamment les KIN’gongolo Kiniata. Véritable OVNI musical comme le quartier de Ngwaka seul sait en enfanter. Rencontre avec un groupe qui n’a pas fini de faire du bruit.
Q1 : Tout d’abord, pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous vous présenter ?
Nous sommes le groupe KIN’gongolo Kiniata. Nous sommes issus de la jeune génération d’un collectif d’artistes musiciens qui créent leurs propres instruments et qui sont dans l’exploration des nouvelles sonorités de la musique congolaise.
Q2 : Comment définiriez-vous votre univers musical et quelles sont vos influences ?
On s’inspire de tout ce qui est autour de nous ! Comme la ville de Kinshasa et tous les bruits qu’elle produit. De celui des vendeurs ambulants à celui des motards en passant par celui des embouteillages et des bus. C’est tout ça qui nous alimente et qui nous amène à créer des sonorités qui ressemblent à Kin. C’est ça notre univers musical : KIN’gongolo Kiniata !
Quant à nos influences, c’est la musique congolaise en général et la musique du monde. Qu’elle soit jazz, blues, funk, pop, rock, folk, techno, électro ou hip-hop : on a toutes ces influences, auxquelles on apporte notre sonorité spéciale et c’est ça qui fait notre identité. Nous pouvons faire du hip-hop ou de la rumba, mais, au final, on saura toujours que c’est KIN’gongolo. Notre influence majeure, c’est la RDC qui est un pays de musique et nous avons la prétention de dire que toutes les musiques viennent d’ici.
Ainsi, on les récupère et on se les réapproprie.
Q3 : Vous venez de Ngwaka, un quartier de Kinshasa connu pour sa créativité.
D’où vient cette créativité et qu’est-ce qui la constitue ?
Ngwaka est spéciale, car nous sommes les descendants directs de Bebson de La Rue. C’est le pape de la musique de Ngwaka ! Cette influence, cette origine et cette connaissance viennent de là ! Nous sommes ses disciples comme Lebrun, Dicap, Ko
Ko Ko, les Fulu Muziki et toute cette scène, ce mouvement de la musique expérimentale avec des instruments fabriqués à partir de rien, c’est l’héritage de notre grand maitre.
Q4 : Lorsqu’on a choisi un genre musical comme le vôtre au pays de la rumba, pourquoi c’est si dur de s’imposer ?
Pour être objectif, l’industrie musicale n’existe pas réellement au Congo malgré le succès de Fally Ipupa, Innoss B, Ferre Gola et bien d’autres. Nous dépendons des mécènes comme Abed Achour, Eric Mandala. Il est très dur pour nous de vivre de nos droits d’auteur. Il faut ajouter à cela un conflit générationnel et il est donc difficile pour nous avec notre genre musical de se faire une place. Malgré ça, on s’impose et notre musique dépasse les frontières bien qu’elle ne trouve pas d’écho au pays. Toutefois, on va s’efforcer de se faire une place ici, chez nous.
Q5 : Vous allez vous produire sur une scène, en l’occurrence celle du Jazz Kif qui est un véritable tremplin pour les artistes locaux, que préparez-vous alors pour les festivaliers ?
Le public connait déjà des groupes qui nous ont précédé comme Le Staff Benda Bilili, KOKOKO, Trionix, Bebson De La Rue, Slam Robot, Fulu Muziki et on s’inscrit dans cette lignée. Néanmoins, vous serez surpris par ce qu’on vous réserve sur la scène du Jazz Kif. Ce sera une autre définition de l’identité de la musique congolaise. Sans vouloir tout vous dévoiler, on vous lance une véritable invitation à découvrir notre univers musical en live.
Q6 : Quels sont vos projets à venir ?
Sur le long terme, on a un rêve : celui de participer, de contribuer à une véritable
industrie musicale au pays avec un studio, une fabrique d’instruments et une salle de concert où l’on pourrait se produire chaque semaine. Sinon, à plus court terme, on prépare des festivals, des tournées en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique, on est prêt ! Et enfin, on sortira un premier album prévu pour novembre avec un single qui va bientôt arriver et qui on l’espère fera bouger le monde et pourquoi pas, réveiller
Michael Jackson !
Propos recueillis par Olivier Mukiandi
Photos par Nizar Saleh
BuzzzBe Famous