Original, unique et personnalisé. Son style reflète ce qu’elle est. Kabala Muyambi est une jeune styliste née à Lubumbashi en 2002. Au-delà ses difficultés et émotions, elle puise dans ses expériences pour créer de l’art. Buzzz Magazine l’a rencontré.

Comment a débuté ton parcours ?
J’ai appris à coudre au lycée Twendeleye. C’est là que ma passion pour la mode s’est développée. Je viens d’une famille qui souhaitait que je m’oriente vers la mode, mais nous n’avions pas les ressources financières pour financer des études dans ce domaine. Quand j’ai commencé à coudre, j’ai constaté que je n’avais pas de tissus de qualité. En visitant les marchés de vêtements de seconde main, j’ai pris conscience que ces fripes avaient une qualité intéressante, mais qu’ils n’étaient pas adaptés aux designs actuels. Je les ramenais chez moi pour les assembler et créer de nouveaux ensembles. C’est de là qu’est née l’idée de la mode écoresponsable, donnant une seconde vie aux vêtements recyclés.

Comment as-tu été remarquée ?
J’ai été remarquée par l’Institut français lors de l’événement « Mitindo jeunes talents », qui visait à découvrir de jeunes stylistes. J’ai soumis ma candidature à la Halle de l’Étoile et j’ai été sélectionnée.
Ensuite, j’ai présenté ma première collection de vêtements recyclés, utilisant du velours, du denim et divers autres matériaux. J’ai aussi candidaté chez Catalique et été à nouveau retenue. Par la suite, on m’a invitée à représenter la mode de Lubumbashi à Kinshasa, lors du festival Kobo Hub.

Comment décris-tu ton style ?
Original, unique et personnalisé. Mon style reflète ce que je suis. Pour moi, la mode est un moyen d’exprimer qui nous sommes sans utiliser de mots. C’est pourquoi le slogan de ma marque est que le style est une carte d’identité.

Y a-t-il une signature ou une émotion que tu souhaites transmettre à travers tes créations ?
Très souvent, j’ai du mal à exprimer mes émotions. Étant plutôt introvertie, je crée chaque fois que je me sens triste, bloquée ou limitée. Le message derrière mes collections est qu’au-delà de nos difficultés et émotions, nous pouvons puiser dans nos expériences pour créer de l’art.

Mais un message principal ?
Le message principal de la marque Kabala Style est de sensibiliser les gens à ne pas jeter leurs vêtements, à ne pas polluer nos villes et nos espaces, mais plutôt à trouver des solutions pour réduire les déchets textiles. Ne jetez pas, ne brûlez pas, mais contactez Kabala Style pour donner une nouvelle vie à vos vêtements et ainsi limiter les déchets textiles.

Ton environnement t’inspire ?
Je suis profondément inspirée par mon pays, notamment par les noms et significations des tribus. Je tiens à être appelée Kabala, car cela me touche profondément chaque fois qu’on m’appelle ainsi. Quand je rencontre des gens, ils me parlent de leurs patronymes. Cela influence mes créations. Ainsi, chacune de mes collections porte un nom congolais. Par exemple, j’ai une collection Namutile. J’ai rencontré une jeune fille portant ce nom, qui est souvent donné aux mères de jumeaux dans mon village.
L’environnement urbain n’est pas très brillant …
Voir la dégradation de ma ville, Lubumbashi, à cause des déchets m’affecte profondément. Bien que je ne puisse pas tout recycler, j’essaie de contribuer modestement en sensibilisant les gens.

En tant que jeune créatrice, quels sont tes plus grands challenges ?
Le défi principal est de faire connaître ma marque. Le concept de recyclage est méconnu, et les gens ont souvent des idées préconçues négatives à ce sujet. Un autre défi consiste à commercialiser ma marque. Il manque un point de vente où les articles Kabala Style peuvent être facilement trouvés.

Où rêves-tu d’amener Kabala Style dans les prochaines années ?
Mon plus grand rêve est de racheter l’usine Solbena. Récemment, j’ai découvert qu’une ancienne usine nommée Solbena existait encore. Mon ambition est de la rouvrir et de la transformer en une industrie de recyclage des déchets pour créer de nouveaux tissus.

Avec qui aimerais-tu collaborer ?
Un partenariat stratégique pour Kabala Style serait avec la marque Levi’s. Ils fabriquent des jeans, et, comme j’incorpore le recyclage de jeans dans mes collections, ce serait un rêve de travailler avec cette industrie et d’apprendre de leurs techniques de fabrication.

Un dernier mot pour tes futurs clients ?
J’encourage chacun à ne pas jeter ses vêtements et à prêter attention à l’environnement. Si vous le souhaitez, contactez-nous pour récupérer vos vêtements et leur donner une nouvelle vie.