Sa figure est celle qui représente au mieux « l’Entertainment » congolais sur les réseaux sociaux. Parti d’une Licence en Langues et Affaires au Parlement du rire à Abidjan, influenceur, humoriste à succès, suivi par 1 380 000 personnes (Facebook : 652 000 et Instagram : 317 000 followers), Herman Amisi cumule les casquettes. En 2023, il s’est aussi lancé dans la formation, avec la Grande croisade du rire et le Lubum Comedy Club soutenu par Canal+. Rencontre avec le « Daddy » de la vanne congolaise, amateur de la rumba, supporter du FC Barcelone et friand de séries télé,

Quand es-tu devenu humoriste ?

On naît drôle, mais on devient humoriste notamment grâce aux amis, à la famille, aux collègues et à ceux qui nous entourent. J’ai décidé d’en faire un métier et d’offrir mon talent, en retour, je gagne ma vie grâce à ce choix.

Longtemps, tu as incarné le personnage de « prédicateur de bonne humeur ». Comment as-tu eu cette l’inspiration ?

Au début, je devais m’imposer et ce n’était pas facile vu de la dimension de la scène nationale. Je devais me frayer un chemin en trouvant mon identité afin que le public puisse me définir. La casquette du pasteur s’est imposée à moi. C’est facile de passer un message via le rire. Et le public a décidé de me désigner comme « Daddy », insigne honneur que je ne pouvais refuser.

Comment tu te réinventes pour éviter de lasser ton public ?

C’est, à mon avis, l’aspect le plus difficile de ce métier. Le souci d’être au sommet et d’y rester et la réinvention c’est la clé. Mes proches m’ont conseillé de me redéfinir après le personnage du « Pasteur ». Mamane, lors de mon passage au Parlement du rire, m’a recommandé de sortir de ma zone de confort et Digbeu Cravate m’a conseillé, pendant la même période, d’adapter le personnage du pasteur dans toutes les situations de la vie. J’ai commencé avec « les Aventures de la CDJ » et depuis je m’adapte à tous les contextes.

Ensuite, j’ai créé d’autres personnages, dont Herman Amisi fan du Barça, Herman Amis « l’homme », qui joue et performe dans tout type de contenu, comme le court-métrage « Papa Cisco et Maman Blandine ». J’ai montré qu’il était possible de varier, de diversifier tout en fidélisant le public.

Quelle place occupe l’humour aujourd’hui dans la société congolaise ?

Je suis fier de dire que l’humour occupe une place très importante dans notre société et pour moi, ce n’est que le début. L’humour rassemble tout le monde, sans divergence de tribu ou d’idée politique. Il faudrait maintenant que les humoristes sachent manier cette « arme » pour influencer notre communauté.

Quel est ton processus de création, pour ce qui est de l’écriture

(Rires) J’ai un laboratoire d’humour et le public ne voit que le produit fini. Derrière, il y a un grand travail. Tout part de la trouvaille de la blague, à partir du ridicule de la réalité ; puis l’écriture de la blague pour garder les idées ; vient l’étape miroir et enfin le texte sur les cobayes pour tester si la vanne marche ou pas. Après leur retour, je la peaufine, je l’adapte, puis je la présenter au public.

Tu es ultra-présent sur les réseaux sociaux. Pourquoi ?

Ces nouvelles technologies diffusent mieux et vite les contenus. Je touche, à travers les réseaux sociaux, et le président de la République et le Congolais lambda. Alors qu’un spectacle ne peut pas réunir tout le public congolais, une vidéo le fait. Maintenant, je travaille en entreprise pour la création de contenu. Derrière moi, il y a une équipe pour promouvoir mes créations.

Quelle place pour la formation de nouvelles pépites aujourd’hui ?

La meilleure façon de réussir, c’est de savoir former. On organise la « Grande croisade du rire », qui fait rencontrer des légendes d’humour du continent et de la RDC ; un comédie club, le « +243 Stand-Up Show », qui met en valeur les talents nationaux qui viennent de Goma, Bukavu, Kinshasa et Lubumbashi.

Canal+ nous a rejoints, en offrant l’occasion aux jeunes lushois de prester devant une scène internationale. C’est important de comprendre qu’il est temps de donner sa chance à cette jeunesse qui se bat et s’investit dans l’humour. Je sens que je peux apporter ma pierre à l’édifice et c’est avec plaisir que je le fais.

 

Elisha Iragi pour Buzzz Magazine