Découvrir la mode congolaise sous toutes ces formes
27 ans, médecin de formation, directrice de l’agence de mode AGORRA, photographe et réalisatrice. C’est en 2022 que Lydia KATANGA a commencé sa carrière comme mannequin et sa passion pour la mode l’a poussé à créer l’agence de mode AGORRA ; qui œuvre dans la promotion de la mode et aide aussi les jeunes à se développer dans ce domaine en tant qu’acteurs de la mode. Buzzz Magazine l’a rencontré.
Parlez-nous de Lubumbashi Fashion Week
La Fashion Week de Lubumbashi est un événement de mode organisé tous les ans depuis 2022, elle est une plateforme de rencontre pour les acteurs de la mode de la ville de Lubumbashi. Organisée en deux jours, elle offre un défilé de mode varié présentant des nouveaux talents de la ville de Lubumbashi, et une zone élargie d’exposition et vente permettant aux acteurs de la mode non seulement de présenter leurs collections mais aussi de les vendre ; faisant d’elle le marché de la mode par excellence. Accompagnée par des partenaires comme l’Institut Français de Lubumbashi, l’agence Nicefilm, l’incubateur Khub création et Splendide photography, la Fashion week de Lubumbashi vise à célébrer et promouvoir la mode, la culture et l’art locale.
Comment l’aventure a-t-elle commencé ?
Tout à débuter en 2022 par le constat d’un problème dans la ville, la présence des acteurs talentueux de la mode dont les stylistes, mannequins, accessoiristes mais qui ne savaient pas présenter leur travail via un événement adapté. Nous avions réalisé multiples interviews dans la ville et avions conclu qu’avoir un événement de mode de référence dans la ville couvrirai ces besoins essentiels pour la communauté de la mode Lushoise. D’où l’organisation de la première édition de la Fashion Week de Lubumbashi en septembre 2022. Elle a rassemblé 5 jeunes stylistes, un accessoiriste et 14 mannequins autour d’un défilé de mode et une conférence sur l’appréhension de la mode au collège Imara. S’en est suivi une deuxième édition en 2023 à l’Institut Français de Lubumbashi, rassemblant 10 stylistes, 20 mannequins, 5 photographes et un accessoiriste. La troisième édition était une explosion des couleurs et d’innovations au Musée National de Lubumbashi en septembre 2024.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté ?
Pour la première organisation de la Fashion week, nous avons fais face à une réticence des acteurs de la mode ainsi que du grand public, la création d’un vrai marché de la mode réunissant vendeurs et acheteurs penchait que d’un seul côté ; celui des vendeurs. Amener la ville à choisir une consommation locale était un véritable défi, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Quels sont les perspectives pour les prochaines éditions.
Lubumbashi Fashion Week a pour but principal de promouvoir la mode locale, et ainsi elle vise une expansion internationale, amener l’extérieur à découvrir la mode congolaise sous toutes ces formes, ouvrir la ville de Lubumbashi au monde. Accueillir des acteurs de mode venu de partout pour découvrir la mode locale afin d’aider les acteurs de la mode à se développer leur business.
Sous le feu des projecteurs
MALIA la mode, une vie
Vous avez sorti un film, pouvez-vous nous en parler ?
Malia, c’est un nom swahili qui signifie « Reine ». C’est un court métrage, le film met en avant la mode, il parle d’une jeune fille Malia qui aspire à une carrière dans la mode en tant que mannequin. Cependant, sa mère souhaite qu’elle se concentre plus sérieusement à ses études…
Comment est née cette idée du film ?
Cela fait bientôt trois ans que je travaille dans la mode. Souvent, j’ai rencontré des talents prometteurs, mais leurs parents, opposés à cette carrière, freinent leurs rêves.
Cette réalité m’a inspirée, tout comme mon expérience personnelle. Depuis les humanités, la mode est une passion et en parler à mes parents, c’était un sacrilège. Malgré cette contrainte familiale, j’ai persévéré. Aujourd’hui je suis médecin et j’ai une agence qui collabore avec des mannequins et organise des événements autour de la mode. Je voulais sensibiliser le public à travers le cinéma, car il existe beaucoup de préjugés sur la mode, certaines personnes pensent que les mannequins se livrent à des mœurs assez douteuses. Je pense qu’il faut vraiment en parler, au lieu d’encaisser chaque fois les coups et le moyen que j’ai trouvé pour le faire, c’est à travers le cinéma. Pour sensibiliser et toucher plus possible des gens. C’est ainsi que j’ai décidé de soumettre ce projet à l’Institut français pour la production du film. Finalement ça a marché et le film a enfin vu le jour.
Comment pensez-vous que le grand public accueillera-t-il le film ?
Avant la sortie, je m’interrogeais sur la réception du message, surtout par les parents. Lors de l’avant-première, les réactions ont été positives, que ce soit de la part des acteurs de la mode, des parents ou des jeunes.
Je pense vraiment qu’il faudra que nos parents africains comprennent que les enfants ont besoin de leur bénédiction dans le choix de carrière. Je croise les doigts, et je suis assez positif quant au grand public.
Un dernier mot ?
À tous ceux qui évoluent dans l’industrie de la mode, qu’ils soient débutants ou confirmés : ne laissez pas vos rêves s’éteindre. Et merci à Buzzz Magazine.